« Everest » est un film sur une tentative désastreuse de conquête du plus haut sommet du monde en 1996. Au début tout se passe bien. Les guides sont expérimentés, les membres de l’équipe des grimpeurs aguerris et les ressources sont disponibles. Le plan d’ascension est cadré avec ses étapes et la date d’atteinte du sommet fixée avec précision. Les conditions d’environnement sont étudiées et prises en compte. Les conditions d’abandon possibles précisées. La discipline d’exécution maintenue et les rôles attribués. Le désastre qui se déroule sous nos yeux prend forme progressivement. Des conditions atmosphériques qui changent, la mise en place de solutions non planifiées et en écart par rapport aux standards, une compétition entre équipes, une difficulté de communication dans la transmission de consignes dans un univers multiculturel, des faiblesses individuelles qui fragilisent le groupe et enfin le non respect de ses propres règles et principes de sécurité qui coûtera la vie en dernier ressort au chef de l’expedition. Cette aventure humaine illustre à sa manière et par bien des aspects le parcours difficile même si moins dramatique sur la voie d’un projet entrepreneurial ou personnel. Un plan stratégique pour atteindre le but que l’on s’est fixé est normalement un requis minimal. Cependant bien souvent le client va se donner un objectif, définir une vision , reconnaître une envie. La vision claire est certes nécessaire , mais elle n’est pas suffisante. Il ne suffit pas de vouloir atteindre un but, il faut réunir les conditions d’y parvenir. C’est là que l’on passe du souhait au projet. Le projet permet de définir les conditions de la réussite et de construire les éléments de celle-ci de manière structurée et organisée. Comme pour une ascension il s’agit avant de gravir la montagne de poser les bases de la progression et d’en définir les étapes de la manière la plus précise possible. Il faut recenser les moyens nécessaires et s’assurer que l’on a les ressources qui permettent d’atteindre le but fixé. Alors certes, dans les grandes organisations cela parait futile d’évoquer ce type d’approche. Les ressources projet sont là et chacun a son rôle. Dans une petite entreprise il en va tout autrement. Le nombre de projets à mener est important au regard des moyens de l’entreprise. Il faut prioriser, définir la marche de progression tout en assurant le fonctionnement du quotidien. On peut rapidement se sentir perdu face à cet enjeu. Tout peut apparaître comme également important et également prioritaire. Quelle route prendre, où commencer ? Aller dans quelle direction ? Recenser les clés de succès, les forces sur lesquelles s’appuyer et les faiblesses à surmonter. Établir le cheminement , assurer des points de passage avec des moments de ressourcement et de revisite du but à atteindre, faire le point sur les resources dépensées et celles encore disponibles. Prendre du champ, regarder objectivement la situation, éclairer les zones d’ombre. Alors face à ces situations il y a ceux qui partent seuls, certains arrivent à destination, d’autres s’égarent en chemin. Se faire aider dans ces circonstances est un atout. Se faire aider en allant chercher des partenaires extérieurs complémentaires qui dans un cadre contractuel pourront prendre en charge une partie de la charge de travail et nous alléger dans une collaboration équilibrée permettant d’atteindre les buts fixés ou bien se faire aider à titre individuel par quelqu’un à même de jouer le rôle de sherpa et de guide, celui qui sera en mesure de désigner le danger et de protéger la progression dans un rapport de confiance car il connait la difficulté et est déjà passé par là. La collaboration avec un partenaire si elle est souhaitable suppose des ajustements et des abandons difficiles pour celui qui doit composer et ajuster ses exigences avec celles de son partenaire qui n’a sans doute pas les mêmes objectifs dans le cadre d’une gouvernance difficile à établir. La relation d’aide avec un consultant coach est plus simple même si d’une autre nature. Il n’y a pas partage du champs décisionnel ou de l’autorité. Il n’y a donc pas de perte d’autonomie dans la conduite de ses affaires, bien au contraire l’autonomie se trouve renforcée par cette relation d’altérité. Le coach est centré sur son client et son rapport à son activité et sur ses progrès dans la réalisation de ses ambitions. Il éclaire les choix à faire et dévoile les zones d’ombre ou les angles morts. Le client demeure pour sa part centré sur la réalisation de son but. Il garde la maîtrise totale des résultats de son activité ne se laissant guider que sur la manière d’y parvenir tout en conservant sa liberté de choix. Dans Everest le chef d’expédition noue les collaborations nécessaires avec des partenaires qui lui permettent d’atteindre le sommet. Ce qui lui manque c’est ce regard extérieur, cette personne désintéressée qui l’alerte sur ses propres dérives et sur ce qui le met en danger. Il est seul dans un moment crucial au sommet où il doit prendre une décision raisonnée et qu’il se laisse entraîner par ses émotions pour guider son action. Il est trop tard, il le sait, cela lui coûtera la vie.
François-Xavier TESSON
Associé, Enaxion