Dans un monde dont tout le monde s’accorde à dire qu’il s’accélère, prendre le temps de réfléchir devient un vrai challenge. La rapidité avec laquelle il faut décider et agir ne nous laisse en fait que peu de temps pour la réflexion. Hors agir sans penser est, vous en conviendrez, stupide.
La complexité grandissante de notre environnement par ailleurs ne nous incite pas à agir rapidement. La réflexion et l’analyse d’une situation complexe peut nous conduire à procrastiner. Hors penser sans agir est, vous en conviendrez, stérile.
Voilà donc bien le dilemme dans lequel nous nous trouvons involontairement. Dirigeant, manager, notre quotidien nous conduit inexorablement dans cette dialectique réflexion/ action de plus en plus difficile à dénouer seul. Et pourtant réfléchir est indispensable pour prendre les bonnes décisions et engager les bonnes actions.
L’intelligence individuelle que nous mobilisons pour conduire notre réflexion intérieure n’est plus suffisante et doit se nourrir des autres intelligences disponibles autour de nous. Développer l’intelligence collective est donc un impératif.
Cette intelligence collective n’est pas l’addition simple de plusieurs intelligences appliquées à trouver une solution à un problème mais la génération d’un double flux pour chaque personne impliquée. Un flux intérieur vers l’extérieur pour exprimer des idées, et des hypothèses et un flux extérieur vers l’intérieur qui vient nourrir l’intuition dans un dialogue constructif pour élaborer une solution collective et mettre en oeuvre ensemble l’action décidée.
L’exercice rend nécessaire que les bonnes questions, celles qui vont déclencher la réflexion individuelle et collective, soient posées. Cela requiert donc une liberté de parole et un niveau de confiance réciproque propice au déclenchement de cette danse des cerveaux qui fera jaillir une solution nouvelle à laquelle individuellement chacun n’aurait pas pensé.
L’intelligence collective peut ainsi donner à penser que cela va ralentir l’organisation car effectivement cela requiert du temps de réfléchir collectivement. Cependant avec son rythme lent qui permet d’alterner temps de réflexion et temps d’action, elle est en fait à l’image d’un félin un formidable outil d’agilité alternant observation, temps de réflexion et temps d’action.
Eric CONSTANT
Ex associé, Enaxion