Le pari d'une alliance stratégique pour poursuivre l'accompagnement de l'autisme

Dominique FRANC, Président SESAME AUTISME AURA

Sésame Autisme

Sesame Autisme AURA (SARA) est une association créée il y a 50 ans par des familles souhaitant proposer un accompagnement digne de ce nom à un de leurs parents présentant des troubles du spectre de l’autisme. Son but est d’aider les personnes avec autisme à s’intégrer le mieux possible dans la société et à briser l’isolement de leurs familles. SARA, c’est aujourd’hui près de 400 personnes accueillies et plus de 500 salariés localisés dans ses 10 établissements essentiellement localisés en région Auvergne-Rhône-Alpes. 

Dominique Franc en est son Président depuis 15 ans. Il nous témoigne ici comment il a souhaité engager avec son Conseil d’Administration une réflexion de fond sur la gouvernance de SARA et sur son avenir.

« Le point de départ, c’était la volonté de s’interroger sur notre gouvernance et se donner une vision stratégique, compte tenu de nos difficultés économiques »

Quels étaient vos enjeux lorsque vous avez décidé de faire appel à ENAXION ?

Nos déficits se sont creusés de manière préoccupante en 2022. Nous avions constaté, comme beaucoup d’entre nous dans ce secteur, une perte d’attractivité des métiers qui nous obligeait à recourir à l’intérim, une hausse importante de l’inflation, notamment sur l’énergie, et une stagnation des subventions publiques. Nous étions inquiets. 

Nous sommes aussi impactés fortement par l’augmentation très importante du travail administratif et de reporting demandé par l’État et les collectivités locales qui nous financent. 

« Faute de moyens opérationnels suffisants, nous étions aussi en difficulté pour conduire de nouveaux projets de développement ».

Nous avions perdu plusieurs appels d’offres publics consacrés à l’ouverture de nouveaux établissements car notre situation financière était jugée fragile par rapport à celle d’autres associations du secteur. 

Au point de vue de la gouvernance, on sentait que nous avions atteint les limites d’un système d’impulsion et de décision. Après 15 ans de présidence, je m’interrogeais sur ma succession, alors qu’aucun candidat interne n’émergeait. 

Le recours à un consultant

Il fallait être aidé pour effectuer une réflexion sérieuse sur notre moyen terme avec 25 administrateurs membres du CA. 

Nous avions déjà tenté en interne des démarches de réflexion de ce type. Mais cela n’avait pas fonctionné ; il est difficile de mener ce type de réflexion de son propre chef.

Il a toutefois fallu que je me batte en interne pour que nous ayons recours à un consultant extérieur. Dans notre monde, cela n’est pas habituel. Pourquoi ne pas faire par nous-même ? Quelqu’un de l’extérieur ne nous connaît pas. Cela va coûter de l’argent, etc.

Comment se sont déroulés les travaux?

Vous avez conduit des entretiens individuels approfondis avec les administrateurs et les membres du comité de Direction.

Vous nous avez fait prendre conscience que l’enjeu pour eux était d’abord de traiter la question de l’avenir, la vision, la stratégie avant de s’occuper du fonctionnement de la gouvernance. 

Les difficultés économiques croissantes, le manque de structuration, inquiétaient beaucoup plus les administrateurs que la question de la gouvernance. 

La plupart des parents d’enfants autistes étaient aussi fortement concernés à titre personnel par l’avenir de SARA à laquelle ils sont très attachés. Ils sont très satisfaits de ses services qui sont en général adaptés à leurs besoins et à ceux de leurs enfants.

« Admettre qu’on ne pouvait pas s’en sortir tout seul et qu’il fallait s’allier »

Le cheminement proposé par Enaxion a fait émerger 2 scénarios : essayer de s’en sortir seul avec un plan de transformation pour retrouver un équilibre économique, la recherche de fonds privés, une réorganisation, ou bien deuxième scénario, rechercher une alliance stratégique.

Vous nous avez aidé à débattre de ces 2 scénarios, d’abord en Bureau, puis en CA. Nous avons pris conscience et surtout admis que le gap à franchir était trop important pour que nous puissions réussir seul, compte tenu de nos moyens humains et nos ressources trop limitées.

Mais cela a pris du temps pour admettre qu’il fallait s’associer avec un partenaire plus solide que nous et avec qui des synergies seraient possibles. Nous craignions de perdre tout ce que nous avions construit pendant des années pour un accompagnement adapté aux besoins de l’autisme. Nous redoutions que nos valeurs ne soient pas respectées en s’associant avec un partenaire.

« Nous avons donc dit oui à un rapprochement mais pas à n’importe quelle condition ».

Nous avons décidé d’être pro-actif, ne pas subir. Vous nous avez aidé à poser des critères de choix d’un partenaire : s’aligner sur ce qu’on recherchait comme profil en termes de valeurs, de réalisations, …ce qui n’était pas négociable.

Nous avons mené ensuite une démarche en mode projet. Une équipe projet composée de membres du Bureau et du Conseil d’administration s’est organisée, avec la définition d’une organisation, de tâches, d’un planning. Cela a eu un effet mobilisateur et rassurant. Nous nous sommes fortement mobilisés. Enaxion nous a aidé à structurer ce projet.

Outre le fait de sélectionner des partenaires potentiels, de les rencontrer, il y avait en parallèle la dimension interne du projet de rapprochement avec les équipes, les salariés, les familles, plus largement la communication et aussi bien sûr les questions juridiques. 

Le choix d’un partenaire qui nous convienne

Nous avons identifié trois partenaires potentiels, tous les trois de qualité, correspondant aux critères que nous avions posés. Nous les avons rencontrés et avons travaillé avec eux individuellement. Nous avons été très bien accueillis et les trois structures nous ont fait des propositions d’alliance intéressantes.

Nous avons dû ensuite choisir un partenaire. Vous nous avez aidé à discerner en Conseil composé de 25 administrateurs. Chacun a pu se positionner, en son âme et conscience, calmement et sereinement lors des prises de décision.

Que retenez-vous d’Enaxion ? 

Dès la première rencontre, même avant que la décision de vous retenir ne soit prise, on s’est senti accompagnés, pris par la main dans le bon sens du terme, mis au travail. Il n’y avait pas photo par rapport à votre concurrent qui n’amenait pas cette énergie, cette mise en mouvement qui nous manquait sur le sujet. 

« Enaxion nous a soumis un cadre, une méthode de travail. Enaxion cadence les travaux, donne du rythme, on a le sentiment d’avancer. »

Enaxion a apporté de la consistance à notre réflexion, du contenu. Une traçabilité pas à pas qui nous a permis d’instruire progressivement les sujets et prendre des décisions mûrement réfléchies et solidement argumentées. Sans cela, nous serions restés dans l’oralité, avec des raisonnements en boucle. Nous étions comme le hamster dans sa cage qui tourne en boucle. 

Vos protocoles de travail, ce que vous appelez l’intelligence collective, sont très importants. En séminaire, se donner le temps de réfléchir, donner la parole à chacun, sans rebondir l’un sur l’autre, traiter les objections sans passer au forceps, aller au fond des ressentis, sont très utiles. Déboucher sur un accord, s’aligner. Tout cela récrée de la confiance, de la cohésion. Nous en avions aussi besoin. 

Le séminaire du Conseil d’administration consacré à la prise de décision du choix d’un partenaire a été un grand moment. 

Votre animation autour de simulation de situations de travail-type, appliquées à chaque partenaire, avec des jeux de rôle en sous-groupes, a permis à chacun de ressentir profondément les avantages et les inconvénients de chaque partenaire et au final de décider de façon éclairée.

 

Où en en êtes-vous aujourd’hui ?

Je suis épaté par la transformation du Conseil d’Administration en un an. Je ressens, de la part des administrateurs, un intérêt, un engagement et une satisfaction à en être que je n’ai pas connue depuis longtemps. De nouveaux candidats, plus jeunes, demandent à rejoindre notre Conseil d’Administration. Quand on sollicite les membres, ils répondent. Ils sont actifs, il y a une cohésion globale de fonctionnement qu’il n’y avait pas avant. Je sens une énergie nouvelle.

Comment voyez-vous l’avenir ? 

Plus sereinement. Le Conseil d’Administration est mobilisé. Certes, nous avons à réussir notre association au sein d’Habitat et Humanisme. 

Mais je suis rassuré par leur volonté de nous accompagner dans cette intégration au mouvement. On se sent partenaire à part entière. On n’est pas dissout dans un grand tout. Les autres partenaires possibles sont des organisations de grande valeur mais ils ne nous avaient pas caché que leur démarche était de fusionner SARA au sein de leur structure et que cela conduirait donc à terme à sa disparition.

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